FAIT PORTEUR D'AVENIR
Le Fait porteur d’avenir (FPA) ou germe de changement représente l’élément de base qui entre potentiellement dans la composition d’une tendance à venir. On peut le définir comme un facteur de changement, politique, économique, technologique ou culturel, à peine perceptible dans le présent, mais qui peut constituer une tendance lourde de demain. Comme le disait P. Massé (1962), c’est « un signe infime par ses dimensions présentes, mais immense par ses conséquences virtuelles, qui annonce une mutation technique, économique ou sociale ». Voir Pierre Massé (1962), Planification et prévision, La Table ronde, n° 177, octobre.
Vers 1900, on a pu voir coexister une tendance lourde à l’augmentation du parc de véhicules hippomobiles et un authentique FPA : l’apparition des premières automobiles à pétrole. De même, la naissance des premiers ordinateurs a été un FPA qui s’est révélé extrêmement important pour l’évolution de la société. Cependant, certains FPA sont de faux signaux, à l’image du Zeppelin. Le risque d’explosion du réservoir d’hydrogène, qui était associé à la technologie embarquée, n’a pas pu être jugulé et a causé la disparition de ce véhicule volant… pour de nombreuses années en tous cas.
On comprend que voir dans un fait isolé un indice du futur s’avère beaucoup plus délicat que s’il s’agit de tendances. Dire cela, c’est souligner le caractère très subjectif de l’identification des faits porteurs d’avenir. C’est souligner aussi que la démarche prospective, qui ne peut laisser de côté ces facteurs virtuels de changement, fait une place importante à l’intuition. Elle repose aussi, bien entendu, sur la veille et tout particulièrement la veille technologique.
La prospective se situant avant tout dans le domaine de l'action, le but de repérer les FPA est de se mettre en capacité d'agir pour s'adapter aux ruptures potentielles à venir, voire pour modifier le cours des évènements dans une direction souhaitable.
Voir Nathalie Popiolek (2015). Prospective technologique : un guide axé sur des cas concrets. Préface de Michel Godet, Membre de l’Académie des Technologies, EDP Sciences.