L'économie spatiale est un secteur relativement peu connu. L'arrivée des deux entreprises américaines, SpaceX et Blue Origin, ont mis en avant la compétition technologique et commerciale qui se joue dans le secteur jusqu'alors réservés aux États et agences spatiales comme la NASA aux États-Unis, l'ESA en Europe, le CNES en France, etc. Si les applications traditionnellement visées couvraient les besoins de la défense (télécommunications, navigation, observation de la terre, sécurité de l'espace) et de la science (exploration, vols habités), l'économie spatiale est aujourd'hui en pleine mutation en raison de son ouverture aux acteurs privés souhaitant profiter de la manne financière liée aux nombreux débouchés pour le reste de l'économie.
Cette ouverture s'accompagne d'une réorganisation des filières industrielles devant désormais intégrer des coopérations bi ou multilatérales (contrats de partenariat public-privé, association civil et militaire), de nouvelles pratiques et une gestion différente des risques comme des délais. Elle ne signifie pas pour autant recul des investissements gouvernementaux dans le spatial. Bien au contraire, selon Novaspace, ceux-ci ont bondi en 2024 pour atteindre 135 milliards de dollars (54% dans le domaine de la défense, 46% dans le civil), soit une augmentation de 10 % par rapport à 2023. En 2022, les dépenses cumulées ont atteint 103 milliards de dollars (47% défense, 53% défense), soit une augmentation de 9 % par rapport à 2021, les États-Unis en tête avec 62 milliards suivis par la Chine (12 milliards), le Japon (5 milliards) et la France (4,2 milliards).
Novaspace indique que l'investissement gouvernemental dans le spatial connait une croissance constante et ininterrompue depuis 2016. Ses prévisions pour 2033 tablent sur des budgets de l'ordre de 144 milliards de dollars avec une répartition équilibrée entre civil et militaire.

Copyright: Novaspace Report |Space Economy Report: An outlook of the key trends in the global space market. 11th Edition January 2025
Avec l'ouverture commerciale du secteur, les investissements privés viennent compléter le financement des activités spatiales. Celles-ci peuvent être décomposées en deux marchés:
Le cœur de l'économie spatiale où acteurs gouvernementaux et commerciaux interagissent. Il englobe la production et la fourniture d'infrastructures et de services, reliant l'amont (notamment conception et lancement des satellites, conception des lanceurs) à l'aval (télécommunications, navigation, observation de la terre, météorologie, etc.).
Les solutions spatiales faisant référence à des services ou des applications qui exploitent l'infrastructure spatiale (signaux ou données des satellites) pour créer de la valeur sur Terre. Les revenus proviennent par exemple des logiciels ou des cartes numériques pour les appareils de navigation ou les systèmes embarqués, des smartphones (ventes, abonnement, publicités), de la vente de services de drones, etc. Bien que ces solutions s'appuient sur des ressources dérivées de l'espace, souvent gratuites, leurs fournisseurs ne se considèrent pas, en général, comme faisant partie du spatial.
Pour évaluer l'économie spatiale, il convient de considérer en sus de ces deux marchés, les dépenses opérationnelles des agences spatiales ainsi que les coûts de R&D dans le domaine. Elles sont estimées à 64 milliards de dollars au niveau mondial en 2024.
Novaspace (figure ci-dessus) précise que le revenu mondial du marché spatial (le cœur: 224 milliards de dollars en 2024) est concentré en Amérique du Nord (86 milliards), en Europe (38 milliards) et en Asie (45 milliards), l’Asie devançant l’Europe qui n’a progressé que de 1% depuis 2020, contre 9 % pour l’Asie.
Les principaux acteurs de l’industrie en amont sont concentrés en Amérique du Nord (59% du marché), en Europe (11%) et en Asie (22%), bénéficiant d’une demande institutionnelle nationale substantielle, couvrant à la fois la R&D et les programmes publics pour les besoins souverains.
En revanche, le marché en aval, porté par les applications grand public, fonctionne avec un flux de revenus plus stable et dépend moins du soutien gouvernemental. Il est réparti entre l'Amérique du Nord (29% du marché), l'Europe (20%), l'Asie (21%), le Moyen-Orient et l'Afrique (11%), l'Amérique latine et les Caraïbes (11%) et la Russie et la Communauté des États indépendants (4%).
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