... Avec une recherche de rentabilité pour ses activités commerciales
Dans le cadre du projet Space’ibles du CNES « Après le New Space », nous avons interviewé Xavier Pasco, Directeur de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), à l’occasion de la publication fin 2024 de son livre « La Ruée vers l’Espace : Nouveaux enjeux géopolitiques », chez Tallandier.
Une occasion unique d’avoir l’éclairage d’un expert qui connaît parfaitement le secteur spatial, sur les questions que nous nous posons pour notre analyse prospective.
Un très bref aperçu ici de l’interview de 3 heures.
La naissance du New Space se situe dans les années 1990s aux États-Unis alors que l’industrie spatiale de l’ex-URSS est démantelée et que le Pentagone cherche à retrouver un équilibre géopolitique en tirant parti des moyens colossaux investis dans le spatial durant la Guerre froide.
La stratégie américaine s’inscrit dans le concept de Revolution in Military Affairs (RMA) : l’industrie spatiale va aider les affaires militaires en s’appuyant sur les technologies de l’information et en développant leurs usages civils.
C’est ainsi qu’ aujourd’hui, les États-Unis adossent leur politique sur trois piliers :
1. Une industrie spatiale performante et low-cost permettant la production en masse de satellites ;
2. La valorisation du spatial via les technologies de l’information et le marché de la data qui draine des financements privés conséquents ;
3. Le soutien et la régulation de l’État à des fins industrielles, militaires et politiques.
Ces trois piliers guident la dynamique du New Space et justifient l’importance des investissements colossaux que le Pentagone y consacre. En 2020, par exemple, il a passé un contrat de 10 milliards de dollars (Joint Enterprise Defense Initiative) à Microsoft Azure (40 milliards de dollars de revenus annuels) et Starlink (constellation de satellites de Space X) pour assurer la connexion mondiale du cloud militaire sur 10 ans.
L’investissement public massif permet de démarrer l’activité. L’association assure aux mégaconstellations les débouchés (la clientèle de Microsoft) tandis que Microsoft s’offre un réseau de connexion mondiale.
La société Starlink a aujourd’hui décollé (cf. figure). Environ 60% du revenu est attribué aux abonnements mensuels pour des services, le reste provenant de la vente de matériels ou de contrats passés avec l’État fédéral américain, des grandes entreprises, etc.
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L'analyste de Quilty Space estime que le revenu global va fortement grossir en 2025 pour atteindre plus de 12 Md$.
Si dans les années 1980s l’espace était « sacralisé », son ouverture aux géants du numérique et son industrialisation croissante ont contribué à une forme de « banalisation » de l’espace. Celui-ci devient le terrain d’opérations de grande ampleur menées par les acteurs du New Space qui visent à créer d’immenses réseaux mondiaux fondés sur les constellations satellitaires mais également sur les réseaux terrestres (hybridation des réseaux).
Un scénario plausible, selon Xavier Pasco, serait l’accomplissement d’une stratégie de prédation conduisant les géants du New Space à acheter les réseaux terrestres…
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